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Compte-rendu du premier jour de mobilité en Italie à l'Université de Turin et l'Université d'Asti, autour de trois thèmes : professionnalisation des assistant·es de service social, hybridation numérique des formations, et de la participation des personnes concernées.

Hybridation des formations

Hybrider une formation consiste à construire des modules de formation sur une plateforme numérique en complément et en soutien à la formation en présentiel. Il s'agit d'intégrer les possibilités du numérique dans une démarche pédagogique au service de l'étudiant.

L'Université d'Asti dispose d'une plateforme numérique depuis 10 ans. A l'heure actuelle le département de formation des assistants de service social n'a pas engagé de réflexion sur un parcours pédagogique mixant numérique et présentiel. L'équipe dit par ailleurs conserver une certaine méfiance pour le "tout virtuel" : la formation en présentiel est valorisée, l’interaction, la rencontre sont primordiales.

La plateforme est donc principalement utilisée pour mettre des ressources à disposition des étudiants (supports de cours, liens vers des ressources en ligne...)

La possibilité d'avoir accès aux ressources en ligne peut être considéré comme un atout pour les étudiants, qui sont de plus en plus nombreux à travailler durant leurs études. La mise à disposition de supports de cours peut leur permettre de s'organiser pour suivre le cursus malgré tout. A noter que le contexte réglementaire de formation est complètement différent du nôtre : on ne vérifie la présence des étudiants en cours, ni s'ils suivent la formation sur la plateforme numérique. C’est uniquement la réussite aux partiels qui valide la formation.

L'équipe constate toutefois que l'accès à de simples supports de cours sur la plateforme n’a pas la même valeur pédagogique que le fait de suivre un cours en présentiel, et que cela a un impact sur la réussite aux examens.

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La professionnalisation des étudiants en formation Assistant social et le lien avec les terrains de stage

Nous rencontrons dans un deuxième temps des superviseurs de stage, qui sont des professionnel·le·s ASS en poste.

Un peu de vocabulaire :

  • Superviseur : le/la professionnel·le de terrain qui suit l'étudiant durant son stage
  • Tuteur : formateur à l’Université

La fonction de supervision consiste à rencontrer l’étudiant 2 heures par semaine durant sa période de stage, pour discuter de son vécu, son ressenti, de ses émotions.

On note dans les échanges la grande implication personnelle des superviseurs, qui n'ont par ailleurs pas de reconnaissance professionnelle pour cette fonction. Ils vivent la présence de l’étudiant comme une richesse, une façon de rester en contact avec la formation, ou encore de se tenir à jour.

Les superviseurs interviennent également dans le cours de la formation des étudiants assistant de service social en organisant des séminaires (par ex. en 2018 sur : La "bonne" utilisation de l’argent du point de vue du travailleur social et du point de vue de la personne concernée)

Pour sa part, l'Université propose quatre jours de formation par an aux superviseurs :

  • Actualisation des connaissances (2 jours)
  • Outils techniques pour les tuteurs (2 jours) (par exemple construction d'une grille « boussole des émotions » pour accompagner les étudiants lors de la supervision)

Enfin, une rencontre avec les employeurs est organisée une fois par an, pour faire le point sur les écarts et les besoins entre les attentes de terrain et la formation.

Organisation des stages formation ASS :

C’est l’université qui trouve les stages. Une convention sur 3 ans est signée avec les employeurs. L'université fait le point en début de chaque année sur les besoins et les possibilités d'accueil des stagiaires.

Seuls les étudiants qui ont réussi le partiel de service social peuvent accéder au stage.

  • 1ère année : pas de stage, mais 25h consacrées à la rencontre avec des professionnels (qui viennent à l’université) pour découvrir le monde du travail. Ce temps est suivi d'un travail personnel des étudiants
    En fin de première année, chaque étudiant rédige une « lettre de motivation », fil rouge pour la formation où il détaille ses besoins, envies, forces et faiblesses. Ce document est utilisé pour déterminer le lieu de stage, puis est repris en 3ème année pour faire le point sur le projet professionnel
  • 2ème année : 150h de stage, principalement de l'observation, centré autour du vécu du stagiaire
  • 3ème année : 300h de stage, l'étudiant peut plus expérimenter, on attend de lui une capacité d'analyse, à proposer des actions, et à collaborer avec l'équipe et les bénévoles

Durant le stage, trois moments rassemblent l'étudiant, son tuteur et son superviseur :

  • Au moment de la signature du contrat de stage
  • Un rendez-vous intermédiaire
  • Bilan en fin de stage

La participation des personnes concernées (« citoyens »)

L’Université d’Asti a reçu un prix pour un programme de participation de personnes concernées dans le cursus de formation des assistants de service social.

Ce groupe a été constitué en 2013. Il s'agit initialement de 15 personnes, ayant des places différentes (personne en situation de handicap, père adoptif,…) et croisant leurs différentes expériences avec les services sociaux.

Ces personnes ont été repérées par les superviseurs de stage sur le terrain, à la demande de l'Université.

Ce groupe a choisi pour nom « Diversement experts ». Un temps important a été consacré à structurer le groupe, constitué de personnes qui ne se connaissaient pas, dans des situations diverses, afin d’assoir la crédibilité la crédibilité de leur intervention.

Objectifs :

  • Déconstruire les préjugés sur les publics des services sociaux
  • Porter un regard différent dans les administrations, favoriser un regard empathique
  • Faire évoluer les pratiques dans les institutions, orienter le travail social en expliquant ce qui va/ce qui ne va pas

Les personnes concernées sont appelées « Citoyens », ce qui nous questionne sur le vocabulaire que nous utilisons en France : le terme "citoyen" renvoie vraiment à la nature de la personne, contrairement à l'expression "personne concernée" que nous utilisons ici, qui souligne plutôt le lien de la personne avec le service social.

Ce groupe peut avoir de la difficulté à faire reconnaître sa place dans la formation à l'Université, mais aussi auprès des professionnels.

La question se pose de comment valoriser la participation de ces personnes (le temps consacré), mais aussi leurs compétences. La participation au groupe nécessite en effet une formation : il ne suffit pas d’être usager des services sociaux, il faut apprendre à sortir du témoignage pour aller vers la transmission. Il n'y pas de budget pour ça, l'Université a tenté de faire appel à des fonds privés, mais le fait de recevoir une rémunération peut poser des problèmes aux personnes dans l’accès à certains droits,...

Modalités d’intervention du groupe "Diversement experts" :

  • Organisation d’un séminaire par an, auprès des étudiants : échanges de place, jeux de rôle, mise en situation,…
  • Une réunion par mois avec les formateurs, et construction des séminaires sur des thématiques en lien avec le programme

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